de Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil, mise en scène de Ladislas Chollat
Théâtre du Châtelet
Et alors ?
J'ai découvert "Les Miz" en 2010, dans leur version anglaise présentée au Châtelet. L'œuvre m'avait alors considérablement bouleversée, suffisamment pour réserver bien à l'avance ma place en apprenant leur retour dans le même théâtre mais en VF.
La mise en scène a été confiée à Ladislas Chollat, qui prend le parti de structures polymorphes assez imposantes, et d'un écran projetant des "effets", à défaut d'un meilleur terme (volutes de fumée, reflets d'eau, ...).
Le tout semble une immense fresque grise, où soudainement jaillissent des notes de couleurs, une cocarde sur la veste d'un protagoniste, un drapeau bleu blanc rouge, ou un projecteur soulignant l'atmosphère pesante des barricades ensanglantées.
C'est une vision moderne, mais aussi patriotique, honorant l'Histoire de France, mais aussi celle de l'oeuvre ici adaptée...
On se rappelle d'ailleurs vivement le clin d'œil du Châtelet et à ce musical, lors de la si mémorable cérémonie d'ouverture des JO...
Certaines scènes restent en tête, celle bien sûr de cette impressionnante barricade révolutionnaire, mais aussi celle de l'Auberge des Thénardier, avec son extérieur où tombe la neige, ou encore le retour de Marius dans le café, aux tables et chaises vides, hanté par les ombres de ses amis...
On retrouve avec enthousiasme ce récit, ces morceaux dont tant sont familiers à l'oreille.
Les textes ont été remaniés pour cette version 2024, et bien que je n'en connaisse pas par cœur l'originale, les bribes que j'ai en tête m'ont parues moins percutantes, non seulement dans cette réécriture mais aussi par rapport aux paroles anglaises des mêmes chansons.
J'en prends pour exemple le solo de Cosette enfant, qui était au départ "mon prince est en chemin déjà"..., et qui devient ici le regret de la petite Cosette à n'avoir pas de poupée alors qu'elle en voit une, seule dans sa vitrine. Pour moi, aucun de ses deux textes ne retranscrit la douceur enfantine et la douleur de solitude, aussi bien que le "Castle on the cloud" du spectacle en anglais.
Ce qui ne change pas, c'est la puissance de la partition, dès les premières notes, qui ouvrent comme un coup de tonnerre les pages du chef d'oeuvre de Hugo, et de cent émotions par tableau.
Un bel orchestre, dissimulé dans le fond de scène, apporte sa touche magique à la production, tout autant d'ailleurs qu'une distribution grandiose : pour n'en citer que quelques uns, David Alexis est parfait en Maître Thénardier (petit regret car j'attendais avec impatience de voir Christine Bonnard jouer son épouse, mais c'était sa doublure qui était présente sur la représentation que j'ai vue !), et Océane Demontis est une incroyable Eponine.
Ce spectacle reste donc un "must-see" absolu, dans la langue que vous voudrez...
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